Espoirs déçus pour le plus jeune condamné pour blasphème au Pakistan : « Nabil fait face à une menace réelle pour sa vie »
« Nous avons fait de gros efforts pour obtenir la liberté de cet homme innocent et pensons que nous sommes sur le point de l’obtenir, mais à quel prix ? »
Alors qu’il n’était âgé que de 16 ans, Nabil Masih, chrétien pakistanais, avait été condamné pour blasphème, accusé d’avoir partagé sur les réseaux sociaux une image offensante de la tour de la Kaaba, un site sacré pour les musulmans. Nabil était alors devenu le plus jeune condamné pour blasphème du Pakistan.
En mars, son avocat avait affirmé que Nabil avait été libéré sous caution, mais que la date exacte de sa libération n’était pour le moment pas connue.
La British Pakistani Christian Association nous apprend malheureusement que ces espoirs ont été « anéantis ». Le 3 août, une nouvelle audience était prévue. Elle n’a pas pu se tenir en raison de la grève. En septembre, c’est parce que le juge était en vacances que la nouvelle audience a été annulée.
La BPCA explique que la foule « réclame le sang » de Nabil. Elle affirme que Nabil et les membres de la BPCA portent des gilets pare-balle et ont été « terrifiés tout au long de ce processus judiciaire ».
L’organisation relate un événement survenu lors d’une audience, en juillet dernier. Alors que Nabil est au tribunal, le plaignant Akhtar Ali, rassemble une foule qui entre avec lui au tribunal. Il montre alors la photo blasphématoire que Nabil aurait prétendument relayée, soulevant « une grande animosité envers Nabil Masih et une atmosphère de haine palpable ».
Un homme a alors montré Nabil du doigt, s’écriant :
« C’est le garçon qui a commis un blasphème contre notre prophète. C’est une habitude avec ces chrétiens au Pakistan, qu’ils manquent de respect à notre prophète. Leurs chefs religieux à l’étranger font de même sur les réseaux sociaux, ce qui encourage ces chooras [mot péjoratif désignant les chrétiens, NDLR] à commettre des crimes aussi odieux contre notre prophète. »
Nabil a alors été emmené dans un endroit sûr.
« Nous avons travaillé avec la police locale et d’autres agences pour améliorer les itinéraires et les pratiques de déplacement afin de rendre la comparution au tribunal aussi sûre que possible, mais il ne fait aucun doute que Nabil fait face à une menace réelle pour sa vie au Pakistan », explique la BPCA, avant de poursuivre, « nous avons fait de gros efforts pour obtenir la liberté de cet homme innocent et pensons que nous sommes sur le point de l’obtenir, mais à quel prix ? »
M.C.